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POUR UNE THÈSE VIVANTE (2011-2018)

 

Initié en 2011, Pour une thèse vivante est un projet qui dans l'oeuvre de Claudia Triozzi témoigne d’une part de ses réflexions sur l’idée d’un art en tant qu’artisanat, ensemble de savoirs déjà établis et se manifeste d’autre part dans un mouvement permanent, ce projet naît en effet dans l’acte même de sa pratique.

Claudia Triozzi n'est pas à distance de sa thèse, c’est la thèse elle-même qui soutient son propos. Elle est la thèse en quelque sorte. Sa pratique scénique est sa thèse. Elle se montre en acte et montre son savoir. Il s’agit d’un processus, toujours en formation, dans lequel elle crée, à partir de l’espace de réflexion et de l’expérience de la danse et des arts plastiques, un dialogue avec différents corps de métiers. À la croisée de l’art, de la science et de l’anthropologie, elle s’interroge sur la façon dont un corps peut incarner ou non un savoir, un savoir-faire, la manière dont celui-ci est nécessairement exposé à l’autre, et comment ces gestes peuvent être en lien et formuler la fulgurance d’un sens.

Ce projet recouvre un triple questionnement sur sa propre pratique de l’acte de performer, l’histoire de la pratique elle-même et la performance entendue au sens large de tout corps exerçant une activité donnée : au sens où l’on retrouve la question du corps social, du métier. Pour mener à bien cette question très importante de la recherche, elle invite des collaborateurs artistiques, des personnes issues de différents champs professionnels et de différents arts et métiers : un boucher, un modèle de cours de dessin, un tailleur de pierres, une actrice du cinéma, un psychanalyste, une historienne d’art ; enfin des personnalités marquantes de l’histoire et de l’actualité de la performance artistique.

Chacun s’exerce à son métier, à son propre art. L’art « du faire » et
du « savoir faire » se transmet en faisant et en parlant. Le mot « Art » ―
au Moyen Age ― signifie « savoir faire » et, en même temps, « savoir en parler ». Ainsi cette recherche de la « thèse vivante » se nourrit du questionnement d’autres champs de réflexion (et de création) en conservant toujours cette idée d’« art » en tant qu’« artisanat », un patrimoine de savoirs.

Le dialogue, l’oralité, l’interview, sont des formes que Claudia Triozzi utilise pour « enquêter » sur cette « transmission » des savoirs et des connaissances. Cette thèse vivante est une confrontation, une mise en relation de matériaux qui tente de créer une pensée en direct.

 


Les épisodes de POUR UNE THÈSE VIVANTE

À travers les invitations, la disposition et la composition des différents matériaux, ce travail cherche à donner de nouvelles perspectives et sens aux gestes, c’est-à-dire réinscrire ma propre pratique avec celle des autres, en quelque sorte révéler ce qu’est mon métier. Depuis 2011, à travers de multiples invitations, résidences et rencontres, ce travail s’élabore avec une série d’épisodes qui structurent la thèse vivante.

Episode I // de 2011 à 2013

Acte fondateur, cet épisode a été créé en réaction aux Accords de Bologne obligeant les Écoles d’art à établir des partenariats avec des équipes de recherche d’autres établissements d’enseignement supérieur, principalement avec l’Université.


Episode II // 2013

Claudia Triozzi rencontre Gianna Serra, actrice de cinéma et miss Italia en 1963.


Episode III // 2014

« Avanti Tutta, 30 ans dans un an et tant pis pour ceux qui sont fatigués »
Gianna Serra, actrice, et Antonio Lamonica, éthologue, se rencontrent en dialoguant sur la vie d’une actrice et celle d’un vétérinaire passionné de noeuds.


Episode IV « Comparses » // 2015

Claudia Triozzi choisit les anciennes écuries du Louvre de Napoléon III et la grande proximité du gothique tardif pour questionner la Sainte Marie Madeleine, statue iconique réalisée autour de 1515 et attribuée à Gregor Erhart. Elle questionne les gestes des maîtres artisans de l’Europe du nord.


Episode V « Etude pour un CCN en terre et en paille » // 2017

Un CCN en terre et en paille est un manifeste pour l’habitat et l’architecture qui revendique qu’un lieu est nécessaire pour pouvoir faire. Cette expérience met en relation un savoir-faire de la machine, on pourrait parler d’un artisanat « sans les mains » (avec une imprimante 3D) et un savoir faire artisanal.


LE PROJET FINAL : UN CCN* EN TERRE ET EN PAILLE, Vers la fin de POUR UNE THÈSE VIVANTE
*CCN : Centre Chorégraphique National

« J’imagine un CCN en terre et en paille comme la soutenance de ma thèse dont les matériaux s’enrichissent progressivement. La réflexion et la recherche artistique que je voudrais désormais partager seraient de mettre en jeu ces matériaux de manière pratique, très concrètement, dans la construction même de ce lieu. Le CCN en terre et en paille, par sa construction pose une réflexion sur un champ de possibles quant à la transmission d’un savoir dans le domaine de la création artistique. La thèse vivante se transmet en effet non comme une méthodologie mais comme une ouverture à d’autres ressources ainsi qu’à la possibilité d’une autre forme de langage lorsque l’écrit est lui-même en difficulté ».


La finalisation de cette thèse sera la réalisation de cet « objet-architecture-lieu » de 20m2 dans un espace pensé comme une scène ouverte où le public assistera et participera à sa construction. Par ailleurs, des chapitres de POUR UNE THÈSE VIVANTE seront ainsi programmés aux Laboratoires d’Aubervilliers à l’automne 2019.