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La sainte et le coyote — Fabrice Reymond
[ soirée de lancement & lecture ]

 

Mardi 1er octobre, 19h
Aux Laboratoires d'Aubervilliers
Entrée libre

 

Soirée à l'occasion de la sortie du livre de Fabrice Reymond, La sainte et le coyote. Lecture entonnée avec Stéphane Bérard (section rythmique).

 

 

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Extrait #1

 

Coyote est responsable de ce qu'il fait comme un caillou qui tombe dans l'eau.
Angèle a cassé ce qui bloquait l'aiguille de la boussole qui tourne maintenant à vide dans sa tête.

 

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Extrait #2

 

Angèle ne prie pas elle fait une place à d'autre monde possibles.
Par le chaos Coyote appelle Dieu à recommencer.
Pendant qu’Angèle priait, Coyote gambadait, il volait leurs oeufs aux oiseaux, leurs provisions aux marmottes. Il ne comprenait pas à qui Angèle parlait pendant des heures et lui demanda où se trouvait son Dieu :

— Nulle part et partout.

— Tu te bats dans le vide comme moi !

— C’est pas le vide non plus...

— Comment tu le trouves alors ?!

— Je l’appelle et j’attends.

— Et tu attends longtemps ?!

— Il y en a qui attendent toute leur vie. Dieu ne se cache pas, c’est nous qui nous cachons. Depuis que nous avons quitté le jardin, nous nous cachons de la sauvagerie du monde mais aussi de sa bonté, de nous-mêmes et donc aussi de lui. Prier c’est comme penser, c’est se déshabiller, tu vois ?

— Heu non, moi j’ai toujours été nu !

Mais pourquoi tu restes là immobile plutôt que d’aller le voir ?

— L’endroit où l’on était ensemble n’existe plus.

— Ah bon !?

— Comme si se séparer l’avait fait disparaître.

— La fission de l’atome !

— C’est pour ça qu’on fait des églises. En retournant de génération en génération au même endroit à la même heure on espère réparer le temps et l’espace.

— Les églises sont les sparadraps de la Terre !

— Oui et nos prières, les massages cardiaques de l’espace commun !

— Alors, tes prières sont comme moi, elles font de la place.

Viens, viens avec moi…

Et Coyote était déjà parti dans le centre commercial d’à côté renverser les caddies, faire jaillir les vêtements en gerbe dans les rayons, pique-niquer sur les manèges, démonter les meubles à coups de hache, casser les vitrines qui coupent les yeux de ce qu’ils voient. Coyote réalise les promesses qu’il tient, il détruit celles qui nous tiennent. Qui nous tiennent dans des désirs qui se cognent contre eux-mêmes et dont les bleus font naître la peur en leur cœur. Des désirs apeurés devant des murs vitrés, le trompe-l’œil de la liberté. Coyote voit ce qu’il voit, casse ce qu’il casse, il entend le bruit de muraille que font les vitrines en tombant, il voit dans les ruines ce que la transparence cachait, le mur et le désir de voir au-delà