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D'un mouvement l'autre, Bahija Benkouka et Béatrice Rettig    

"En élaborant à deux un projet suivant la logique du work in progress en lien avec le mouvement des sans-papiers, nous avons découvert qu'étant deux nous étions toujours déjà immédiatement bien plus. Notre rencontre autour d'un projet commun, en lien avec nos pratiques, nos projets, nos activités, ouvrait sur des multiplicités, et sur des dynamiques collectives. Cela nous renvoyait non seulement aux dynamiques de projets collectifs qui étaient celles que nous connaissions le mieux, et à la façon dont chaque mouvement social s'articule à un autre, mais aussi à toute situation dans laquelle la hiérarchie des places et des fonctions peut être remise en question.

Notre projet a consisté en une série de rencontres et de conversations qui se poursuit, sur le travail, le droit, l'histoire de l'immigration, l'actualité politique, les mouvements sociaux, et nous devenions, au fil des rencontres et des conversations qui font le cours de ce projet in progress, plus nombreux à même d'en témoigner du sens, celui de la capacité à créer du commun. 

Actuellement les politiques d'immigration sont les pires qu'on puisse imaginer. Politique du chiffre, rafles, centres de rétention et expulsions, utilitarisme migratoire et atteinte aux droits fondamentaux sont le quotidien de milliers de personnes, de proches et d'amis, d'amis de ces amis, de leurs familles, de leurs enfants...

Ces politiques s'inscrivent dans le cadre d'une politique globale qui tend à criminaliser, à exploiter et à rentabiliser sans cesse plus. 

Vivre ces situations, ce n'est pas seulement vivre chaque jour dans l'attente d'un changement de vie, où un état provisoire s'installe dans lequel tout projet de vie est suspendu, c'est supporter la violence qui instaure et reproduit un ordre auquel l'exclusion était nécessaire. Nous avons voulu retracer les parcours de quelques unes de nos expériences, tenter de restituer et de contextualiser quelques unes de nos questions. Ceci nous a amenées à la création d'un espace de réflexivité, d'un temps de rencontre pris sur le temps."

Bahija Benkouka et Béatrice Rettig