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D’avril à juillet 2008, Anne Parian a mis en place, à intervalles réguliers, un atelier réunissant six à douze personnes d’Aubervilliers ayant pour langue maternelle des langues différentes et ayant en commun de ne pas (ou peu) parler le français. Elle a proposé des activités ou des dispositifs pouvant susciter des formes de communication nouvelles, chacun depuis sa langue, sans recourir à la traduction en français.
Il s’agissait ainsi de voir comment ce qui est généralement considéré comme un handicap, un défaut ou un problème (ne pas savoir parler français) peut s’avérer une richesse et une force d’inventer, parier sur la tentative de «nous entendre» – avec images, récits, chansons, objets, écritures, pour parler de territoires, paysages, pays – et en reconstruire.
Au coeur du travail poétique d’Anne Parian se trouve en effet la question de l’apprentissage approximatif de langues étrangères, de leur pratique «aveugle», de leur incompréhension foncière ou casuelle.
À partir de l’automne 2008, Anne Parian a entrepris de rendre compte de cette expérience en vidéo, en travaillant depuis un corpus de textes d’auteurs étrangers qu’elle a lu (en français) alors elle était enfant ou adolescente et qui ont d’une manière ou d’une autre marqué sa vie.
Par l’intermédiaire des locuteurs étrangers de l’atelier polylingue, il s’agit aujourd’hui de rendre ces textes à leur langue originale, puis d’essayer d’en faire passer des extraits dans une autre langue, en observant à chaque fois comment ce qui se perd dans la traduction crée dans le même temps l’occasion et le désir d’une émancipation.