Mêlant les genres, réfléchissant et redéfinissant les formats, le travail de Latifa Laâbissi fait entrer sur scène un hors-champ multiple; un paysage anthropologique où se découpent des histoires, des figures et des voix. À rebours d'une esthétique abstraite – elle extrait des débuts de la modernité en danse une gestualité fondée sur le trouble des genres et des postures sociales. En 2001, elle crée Phasmes, pièce hantée par les fantômes de Dore Hoyer, Valeska Gert et Mary Wigman et revient sur la danse allemande des années 20 avec La part du rite et Ecran somnambule, une version étirée de La danse de la sorcière de Mary Wigman. La mise en jeu de la voix et du visage comme véhicule d'états et d'accents minoritaires devient indissociable de l’acte dansé dans Self Portrait Camouflage (2006), Histoire par celui qui la raconte (2008) et Loredreamsong (2010). Pour Latifa Lâabissi l'acte artistique implique un déplacement des modes de production et de perception : la transmission, le partage des savoirs, des matériaux, et la porosité des formats sont inséparables du processus de création.
(Gilles Amalvi)
Voir: www.figureproject.com