Ces deux journées seront ponctuées d’intermèdes chantés, accompagnés musicalement par Alexey Asantcheeff (pianiste). Avec la collaboration et la participation de la Kunstakademiet de l'Oslo National Academy of the Arts.
Entrée libre sur réservation: merci de préciser si vous assistez à la journée du samedi et/ou dimanche, et si vous souhaitez rester dîner le samedi soir à reservation@leslaboratoires.org et au 0153561590
(pour le dîner: règlement sur place de 6€, 1 boisson comprise)
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Samedi 6 juin
13h. Déjeuner
16h30 Pause
11h. Pratique artistique, opposition et contestation : la figure des avant-gardes et leur stratégie politique.
Avec Sophie Wahnich (historienne) - modératrice
Marc Partouche (docteur en histoire de l'art et directeur de l'Ensad)
A la fin du XIXe siècle, de nombreux groupes d’artistes apparaissent, disparaissent, persistent, renaissent. Éphémères ou durables, notables ou insignifiants, ils croisent souvent les grands mouvements de l’époque, qu’ils soient artistiques (le symbolisme, l’impressionnisme) ou plus purement politiques (l’anarchisme). Terreau de l’expérimentation la plus neuve, cette dynamique « groupiste » rassemble un certain nombre d’entités dont l’histoire reste aujourd’hui à écrire, parmi lesquelles on peut citer : L’Eglise des Totalistes, le Groupisme, les Zutistes, les Vilains Bonshommes, les Hydropathes, les Fumistes, les Vivants, les Incohérents, les Hirsutes, les Phalanstériens, les Nous autres, les Intentionnistes, les J’menfoutistes…
Cette dynamique, qui prend alors forme et force, se prolongera tout au long du XXe siècle et jusqu’à nos jours.
Nathalie Quintane (auteure, poète).
Des littératures critiques revient sur les problèmes de définition, de reconnaissance et d'étiquetage des textes groupés sous les termes OVNI/OLNI, non-fiction, contre-narration, post-poésie, etc. Il rappelle, d'autre part, qu'il y a eu transformation et persistance des littératures critiques, de politiques d'écriture, et de politique dans l'écriture, des années 80 jusqu'à aujourd'hui (Olivier Cadiot, Manuel Joseph, Stéphane Bérard, etc). Il propose enfin d'étendre au maximum la notion de littérature critique (voire de littérature d'avant-garde) en amont, de manière à réactiver tout un répertoire de formes et de procédés de textes déjà critiques et politiques à leur époque (Pizan, Boèce, etc), bref, de « récupérer » tous les auteurs et formes invisibilisés.
14h. “The Plot Is The Revolution”: le théâtre comme révolution et la performance comme revendication d’un espace public.
Avec Sophie Wahnich (historienne) - modératrice
Diane Scott (critique et doctorante en théâtre)
Il est vrai qu’il serait osé d’affirmer aujourd’hui que le théâtre est un loisir « populaire ». Depuis les années 1990, s’est imposée l’idée d’une crise de la démocratie culturelle. Celle-ci se révèlerait sans cesse plus inapte à faire des grandes oeuvres de l’art le bien de tous. Pourtant si on met en perspective ce discours d’évidence avec deux autres discours, on est obligé de poser les choses autrement. Le premier concerne l’affirmation d’une vocation politique du théâtre : les formes de théâtre aujourd’hui les plus éloignées revendiquent de faire du « théâtre politique », voire, estiment tenir la vérité du rapport entre théâtre et politique. Quelle est donc cette obsession à ce que le théâtre fabrique du « commun », du « peuple », de la « démocratie » ? Le second phénomène concerne la variation de nos sensibilités politiques : la doxa de la crise de la culture prédispose beaucoup d’entre nous à s’offenser du prix des places à l’opéra, mais le prix d’une couronne dentaire trouve les mêmes bien plus indifférents, voire tout à fait compréhensifs. Quel est ce haut sens de l’égalité que seule désormais la culture semble préserver dans nos esprits ? C’est sur les rapports singuliers et complexes qui nouent historiquement théâtre et peuple que je voudrais travailler avec vous, pour mettre en perspective les attentes parfois étroites de notre époque, leur donner au contraire leur vigueur légitime, et s’affronter à cette exigence de tout lieu culturel public : s’adresser à tous.
Daniela Nicolo et Enrico Casagrande (Motus / Italie)
Enrico Casagrande et Daniela Nicolò ont fondé en 1991 la compagnie Motus basée à Rimini en Italie, qu’ils dirigent depuis. Ils pensent leurs projets en réaction à l’actualité, à partir de l’observation de faits sociaux, se nourrissant des contradictions contemporaines les traduisant afin de produire une matière à réflexions et à provocations. La pratique théâtrale de Motus se caractérise par la mise en relation et la combinaison sur scène de textes classiques - comme Antigone de Sophocle, réécrit par B. Brecht, ou La Tempête de Shakespeare - et de sujets, conflits ou blessures caractéristiques de notre réalité socio-politique actuelle. Ils croient profondément en un théâtre qui impacte, soulève des questions plutôt qu’il ne rassure.
Marinella Senatore (artiste)
A l'occasion du printemps des Laboratoires, Marienalla Senatore parlera du genre de pratique que constitue la performance et de son travail participatif au sein de nombreuses communautés à travers le monde. Elle montrera quelques unes de ses dernières œuvres, dont notamment l'École de danse narrative (The school of narrative dance).
L'artiste a en effet fondé cette école en 2013 sur le principe d’une école nomade, sans bâtiment fixe, qui propose un système d’éducation alternatif, sur la base de l'émancipation, l'inclusion, l'auto-culture et les politiques alternatives fictives, et réinventant les structures et méthodologies des systèmes sociaux. Ses programmes depuis le début ont été surtout axées sur les processus d'alphabétisation, mais ils sont en réalité une occasion pour les différentes communautés de vivre en intégrant les possibilités narratives variés des disciplines comme le théâtre, le mouvement, l'arithmétique, la poésie, l'éclairage, l'histoire orale, l’alphabétisation ... dans tous les langues et sans limite d'âge, de sexe, de capacité, de niveau social, degré, etc. Cette «méthodologie» peut rassembler de nombreux groupes au sein de l'école et des collectivités pour célébrer la grande variété de compétences et de talents que chaque membre unique peut offrir ou développer. En Italie, Allemagne, Suède, Équateur, au Royaume-Uni et en Espagne, des citoyens ont déjà rejoint ces programmes scolaires: les membres des communautés locales ont été invités à donner des cours gratuits pour tous en fonction de leurs compétences, engageant énergies et ressources locales. Même si le résultat final doit être la projection d’un court métrage basé sur la danse, l’École offre un large éventail d’ «expériences» et de cours concernant la littérature, l'histoire orale, la menuiserie, histoire de l'art, la photographie, l'arithmétique, l'éclairage. Les artistes facilitent la collaboration entre les participants ainsi qu’avec les institutions locales comme les universités, les écoles, les groupes de théâtre, musées, etc. filmant l'ensemble du processus. Les étudiants eux-mêmes deviennent souvent des enseignants, prolongeant le travail de l'école et l'utilisant comme une plate-forme ouverte, même sans la présence de l'artiste. L'école est entièrement gratuite et les mêmes professionnels, activistes, chorales féministes, poètes, artisans et amateurs offrent leur enseignement et partagent leurs compétences, comme un service aux membres de leur communauté, gratuitement.
17h. Bloggers, Hackers, Wikileakers, Whistleblowers, Youtubbers : communautés intentionnelles et réseaux sociaux.
Avec Marie Lechner (journaliste) - modératrice
Mathias Jud et Christopher Wachter (artistes)
Leurs projets picidae (depuis 2007), New Nations (depuis 2009) et qaul.net (depuis 2012) ont notamment bénéficié d’un large intérêt. Ces projets, basés sur l’ « open-source », luttent contre les formes de censures sur internet, visent à réduire la concentration du pouvoir politique et à rendre indépendante l’infrastructure. Les outils produits par ces artistes sont utilisés par des communautés aux Etats-Unis, en Europe, en Australie et dans des pays tels que la Syrie, la Tunisie, l’Egypte, l’Iran, l’Inde, la Chine, la Thaïlande et même en Corée du Nord. En 2012, le projet HOTEL GELEM, réalisé avec des familles roms à travers l’Europe, a été primé par le Conseil Européen tandis que Manuel Valls a organisé une manifestation contre ce projet artistique.
Nathalie Magnan (média-activiste)
Que faire ? comment faire ? quelques exemples de ce qui a été fait et de ce qui se fait. Collection Facebook, et autres interventions de media tactique, plus précisément le travail de Cornelia Sollfrank « Female extension » crée avant 2000.
Burak Arikan (artiste)
Burak Arikan est un artiste vivant entre Istanbul et New York. Il est diplômé du MIT Media Laboratory en « Physical Language Workshop » (PLW). Dans sa pratique, il utilise les réseaux complexes et prend comme entrées principales les questions sociales, économiques et politiques élémentaires qu’il aborde par un mécanisme abstrait, génèrant des cartes de réseaux et des interfaces algorithmiques. Il en résulte des données performantes et des prédictions visant à rendre visibles des relations de pouvoir vouées à être débattues. Burak Arikan est le fondateur de « Graph Commons », une plateforme de cartes de réseaux collaboratives.
Utilisation créative et critique des réseaux complexes
Par expérience, nous avons le sentiment que c’est au sein des réseaux que le pouvoir réside et circule. Pourtant, nous nous sentons comme des agents actifs qui ont les moyens de critiquer que les réseaux sont vastes et complexes. Dans cette présentation, je vais discuter de cette question à travers le récent et collectif travail de cartographie "Réseaux de la dépossession» et de la plate-forme en ligne pour la cartographie collective des réseaux, Graph Commons [Graphiques communs].
Et l’intervention des étudiants de l'Oslo National Academy of the Arts : Brouillard du Nord : la dépression comme forme d’opposition, les défaites personnelles et politiques comme moteur de changement.
20h. Dîner musical inspiré de l’oeuvre de Cornelius Cardew*
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L’intégralité des interventions sera traduite en français/anglais.
*merci de bien vouloir préciser si vous restez le samedi soir pour le “dîner musical” (participation financière de 6 €)