Pour cette sixième édition, Les Laboratoires d’Aubervilliers continuent leur programmation des ateliers de lecture qui, à raison d'une rencontre mensuelle, proposent de mener collectivement recherches et réflexions autour de la problématique spécifique abordée depuis différentes disciplines (l’art, les sciences humaines, la politique). Ces ateliers participent à la construction du « Printemps des Laboratoires », projet de recherche partagée qui se décline tout au long de l’année via des workshops, tables rondes, projections jusqu’à l’avènement d'une plateforme publique de rencontres, performances et projections. Ce rendez-vous public, qui aura lieu les 2 et 3 juin 2018, en constitue la mise en perspective finale à une échelle internationale. La programmation est articulée chaque année autour d'une problématique spécifique qui cette année, afin de prolonger et d'approfondir les questions, champs et domaines abordés et soulevés l'an passé. Cette année est placée sous le titre de « Endetter et Punir ».
Cette nouvelle édition s’appuie en effet sur la question de la dette dans les pays européens comme une condition intrinsèque à notre être social et humain : nous sommes nés endettés et nous perpétuons cet endettement sur les futures générations. La lutte pour s’en libérer est celle de la construction d’une nouvelle subjectivité humaine, politique et sociale. Loin de la dimension économique qu’une certaine approche politique de la dette s’acharne à mettre en perspective et à débattre, nous postulons que cette dette n’est pas ancrée dans la relation directe à l’argent mais dans nos manières d’agir, dans la privation de nos libertés et dans notre être fondamental. Ce Printemps va donc s’employer à explorer la manière dont s’inventent des formes de politiques alternatives en Europe comme autant de zones génératives de nouveaux modes de vie et de procédures d’attention.
Pour 2018, les ateliers auront lieu un lundi par mois. Pour suivre le programme des ateliers, veuillez vous inscrire à la newsletter des Laboratoires ou au groupe de recherche auprès de Pierre Simon à p.simon@leslaboratoires.org
Atelier # 3
Une théorie de l'agir dans un monde frustre. La pensée politique de William James.
Pour ce troisième atelier de lecture, nous accueillons le philosophe Thibaud Trochu qui viendra présenter deux textes de William James : « le dilemme de la philosophie contemporaine », première leçon du Pragmatisme, publié en anglais 1907 et traduit en français en 1911 ; puis « La vie vaut-elle d’être vécue ? », second chapitre de La volonté de croire, dont la première édition anglaise remonte à 1897, et qui fut traduite et publiée en français en 1916.
Au début du 20e siècle, la philosophie pragmatiste de William James est le plus souvent perçue en Europe comme l’incarnation de la mentalité affairiste et opportuniste nord-américaine. A la même époque, James n’en condamnait pas moins « l’infâme déesse-succès » qui gangrénait selon lui la vie morale de son pays. Depuis une vingtaine d’année, cet auteur est l’objet d’une redécouverte et d’une réévaluation en Europe et en France, à l’initiative de Gilles Deleuze notamment.
A l'occasion de cet atelier de lecture, on examinera la pensée politique de James qu’il a développée dans ces deux de ouvrages : La volonté de croire (1897) et Le pragmatisme (1907). Il a cherché à y construire une théorie des dispositions à agir et à créer dans un monde incertain, frustre et pluraliste.
Thibaud Trochu est docteur en philosophie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et actuellement post-doctorant au Centre Alexandre-Koyré d’Histoire des Sciences et des Techniques EHESS/CNRS/MNHN. http://koyre.ehess.fr/index.php?2035
En 2018, paraîtra son premier livre, William James. Psychologie des états seconds, Paris, CNRS éditions.