Classes de Lutte #1 / Cinéma espagnol militant sous Franco
Samedi 20 mai 2017, 19h
  • cinéma
  • Histoire de l'Espagne
  • Franquisme
  • Luttes politiques



Classes de Lutte #1 / Cinéma espagnol militant sous Franco
Projection le samedi 20 mai 2017, 19h

Spagna ’68 (1968) d'Helena Lumbreras
El campo para el hombre (1972-1975) d'Helena Lumbreras et Mariano Lisa

La projection des deux films sera suivie d'une discussion avec le philosophe et activiste Mariano Lisa


Le contexte de réalisation de ces deux films est l'Espagne franquiste.

Sur le plan international, les années 60 et 70 du XXe siècle sont des années de guerre latente, notamment marquées par la guerre froide opposant les blocs de l'Est et de l'Ouest. A cette période, l'Espagne est encore officiellement sous le régime répressif du franquisme, signifiant arrestations et emprisonnements arbitraires, assassinats politiques des « ennemis du régime ». Le contexte artistique fait souvent usage d'un vocabulaire militaire. L'expression "avant-garde" récupérée par le régime a été utilisée pour construire une scène artistique de vainqueurs, où les artistes et cinéastes ont répondu à une ligne dominante même si certains sont parvenus à jouer avec.

Au moment de la transition politique à la mort de Franco, le démantèlement du mouvement ouvrier et populaire a été le prix que la société espagnole a payé pour que les institutions et le pouvoir espagnol soient validés par les pays capitalistes dominants. Cela a impliqué la désactivation forcée du mouvement populaire militant en même que la désindustrialisation de l'Espagne. Marqués par leur activité de cinéastes politiquement engagés, Lumbreras et Lisa ont été banni des institutions et de l'industrie de l'image. Par ailleurs, les hommes espagnols, y copris les opposant au régime de Franco, méprisaient non seulement le féminisme, mais aussi toute participation des femmes dans la société. Helena Lumbreras a donc grandement souffert de cette situation des femmes en Espagne, l'empêchant de poursuivre ses travaux dans le cinéma et la télévision.

 

Entrée libre sur réservation à
reservation@leslaboratoires.org ou au 01 53 56 15 90

 

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Helena Lumbreras (Cuenca, 1935 - Barcelone 1995) est une réalisatrice, scénariste et cadreure espagnole. Durant une grande partie de sa vie, elle a par ailleurs enseigné dans les écoles des banlieues populaires de Madrid.
Grace à une bourse elle se rend en Italie pour étudier le cinéma au Centro Sperimentale di Cinematografia à Cinecittà à Rome. Entre 1964 et 1970, Helena Lumbreras travaille comme assistante réalisatrice pour Nanni Loy, Federico Fellini, Francesco Rossi, Renato Castellani et Gillo Pontecorvo. Parallèlement à ses premiers pas dans le cinéma, elle rencontre également en Italie pour la première fois l'effervescence des luttes ouvrières et l'existence des partis politiques et des organisations masses avec une implantation sociale forte. De retour en Espagne, elle devient un membre éminent du Colectivo Cine de Clase, collectif de cinéma militant. C'est en mai 1968 qu'Helena Lumbreras réalise clandestinement Spagna '68, entièrement financé par Pier Paolo Pasolini, et qui constitue la première œuvre cinématographique de l'histoire du cinéma réalisée sous un régime totalitaire contre celui-ci.

Mariano Lisa, philosophe et activiste, rencontre Helena Lumbreras en 1970 à Barcelone lors d'actions contre le jugement de Burgos qui condamnait à la peine de mort de manière sommaire six citoyens basques sur les seize jugés. Afin de manifester leur opposition, Helena Lumbreras et Mariano Lisa, alors tous deux enseignants, ont organisé la première grève des enseignants des écoles dans l'histoire espagnole sous Franco. En représaille, ils ont été arrêtés le lundi 2 Août 1971 par les membres de la police politique armée franquiste, torturé et emprisonné. A compter de 1973, Helena Lumbreras et Mariano Lisa réalisent ensemble quelques films dont El campo para el hombre entre juillet 1973 et novembre 1975, O todos o ninguno en 1976 et A la vuelta del grito en 1977. Leur vie commune sera emprunte d'engagements politiques les menant à développer un cinéma
militant et alternatif financé grace à leur activité d'enseignant.


Spagna ’68 (1968) d'Helena Lumbreras _ tous droits réservés


Direction, scénario et montage
: Helena Lumbreras.
Photographie : Helena Lumbreras et Lorenzo Soler (dans des séquences de Barcelone).
Format: 16 mm, noir et blanc, 35 minutes.
Production: Unitelefilm (Roma).

Images de la guerre civile espagnole à l'Université Ville de Madrid en 1938: le front qui arrête l'avancée des forces fascistes de Franco. Mai 1968. Une affiche à l'Université de Madrid: « Bienvenue dans la première Université Libre d’Espagne ». Concert de Raimon (Ramón Pelegero Sanchis). Assemblée étudiante. Importante manifestation à la sortie de l’Assemblée. Chars et cars de la police. Travailleurs et ouvriers avançant ensemble. Les dirigeants des Universités de Madrid et de Barcelone traitant du mouvement étudiant. Enrique Tierno Galván analysant le moment espagnol et prédisant un avenir socialiste pour l'Espagne. Bidonville dans la capitale Espagnole. Qui, comment et à travers quels canaux s’articule la lutte ? Mouvement ouvrier, mouvement étudiant, prisonniers politiques, clergé progressiste. Barcelone: ​​réunion clandestine des ouvriers en sous-sol d'une église dans la périphérie. Travail à la pièce dans les usines, la construction, à l'intérieur des casernes-logement.


El campo para el hombre (1972-1975) d'Helena Lumbreras et Mariano Lisa
tous droits réservés


Réalisation, scénario du film et de l'édition: Lisa Helena Lumbreras et Maro.
Musique: Josep Cercós, Quico Peña (romance) et Julia León (chanson).
Format: 16 mm, noir et blanc, 60 minutes.
Production: Helena Lumbreras et Maro Lisa.
 

Une fable. Enfants allant à l'école dans les villages de Galice et d'Andalousie. La leçon d’un professeur à l'école nationale franco-catholique. Un ancien élève lance un encrier sur la carte de l'Espagne. La Romance aveugle chante l'histoire illustrée de la paysannerie ibérique du Moyen Age à la guerre civile espagnole. Pascual Carrión responsable technique de la Loi sur la Réforme Agraire de la Deuxième République explique l'histoire contemporaine. Petite exploitation Galicienne. Xosé Manuel Beiras décrit et interprète la situation des petits agriculteurs en Galice. Scènes paysannes et de vie rurale en Galice. Immigrés entassés comme des moutons dans un train. Champs de blé de la Mancha. Moisson et battage dans le sud de la Castille. Grands domaines andalous : ouvriers journaliers, paysans sans terre. Migration saisonnière dans les fermes. Le travail dans les champs: coton, pois chiches, vendange, ramassage des olives. Jeunes journaliers qui parlent. Les agriculteurs réfléchissent à leur situation actuelle et rêve d'une autre vie dans le champ, etc.