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Atelier de lecture "Psychotropification de la société" #7
Jeudi 21 janvier 2016, 16h-18h



Cette année, Les Laboratoires d’Aubervilliers reconduisent les ateliers de lecture qui, tous les quinze jours, proposent de mener collectivement recherches et réflexions autour d’une problématique spécifique abordée depuis différentes disciplines (l’art, les sciences humaines, la politique). Ces ateliers participent à la construction du « Printemps des Laboratoires », programmation qui se décline tout au long de l’année via des workshops, tables rondes, projections jusqu’à l’avènement d’un moment public intense. Ce rendez-vous public, qui aura lieu les 4 et 5 juin 2016, en constitue la mise en perspective finale à une échelle internationale. Cette programmation est articulée chaque année autour d’une notion spécifique ; cette année il s’agit de « La psychotropification de la société ».

Cette expression, associant les termes « psychopharmacie » et « tropisme », désigne le mouvement exponentiel de prescriptions et de consommation de médicaments dans le cadre du traitement des troubles mentaux et psychologiques. En pointant ce « tropisme » notre intention est de démontrer que derrière la normalisation de ces prescriptions s’érige une  idéologie fascisante qui infiltre et dirige les sociétés occidentales, davantage préoccupées par la liberté d’action à conférer à l’industrie pharmaceutique qu’aux individus qui les composent.

Pour mener à bien cette réflexion collective qui traitera des effets de normalisation sous-tendus derrière le phénomène décrit, de l’état de la psychiatrie actuelle et de la place accordée à la maladie et à la folie dans notre société, nous vous proposons de nous réunir, un jeudi sur deux, à partir du 22 octobre, de 16h à 18h. Un ou plusieurs textes sont proposés et/ou choisi à chaque atelier pour le suivant.


Atelier # 7

« Nous n’en avons pas fini avec le colonialisme ! Car le problème de la pratique de la psychothérapie, en temps de mondialisation, reste tout de même celui-ci : comment, sans renier ma tradition de rationalité, faire en sorte que mes pratiques et les concepts qui en rendent compte ne fassent pas insulte à ceux qui ont d’autres racines, d’autres référents, d’autres objets » - Tobie Nathan

Nous vous proposons d'étudier un texte de Tobie Nathan, Nous ne sommes pas seuls au monde, lors du prochain atelier de lecture du 21 janvier, à 16h, et plus particulièrement le chapitre 2 : « Psychothérapie et politique. Les enjeux théoriques, institutionnels et politiques de l'ethnopsychiatrie ».

Tobie Nathan est un important représentant de l’ethnopsychiatrie en France – domaine de recherche qui se situe au croisement de la psychologie clinique et l’anthropologie culturelle. Le mouvement a engagé une déconstruction des pratiques psychanalytiques en vue d’accueillir et de soigner des personnes issues de cultures non-occidentales, pour lesquelles les traitements cliniques s’avéraient inopérants (éthiquement et non performants). En ce sens l’ethnopsychiatrie s’inscrit dans une démarche anti-néocoloniale.

Dans Nous ne sommes pas seuls au monde, Tobie Nathan revient sur son parcours, son expérience, les calomnies dont il fut victime mais également ses interrogations et les avancées d’une science encore jeune. En sept chapitres, le lecteur découvre un chercheur qui ne s’arrête pas aux expériences empiriques et se défie des interprétations. A l’aide de nombreux cas cliniques, il explique les difficultés de cette pratique : Qu’est-ce que l’exil? une souffrance, une richesse? Qu’est-ce que l’attachement à une langue, à des lieux, à des divinités, dans un pays où la liberté signifie être « délié » ?

Ce livre, préfacé par Isabelle Stengers, s'inscrit dans notre recherche en ce qu’il raconte la nécessaire déconstruction des injonctions universalisantes de la psychanalyse (structurée autour notamment du binôme patient/médecin), par le fait d’ouvrir la consultation au collectif et à des formes plurielles d’interventions et d’expertises (ne serait-ce qu’en impliquant un traducteur), faire de la place aux invisibles et ne pas chercher à séparer les gens de leur ombre pour les faire devenir des « quiconque », constituer le patient en expert, apprendre de lui, le considérer non pas comme celui qui est en demande d’aide mais comme auxiliaire de compréhension des mécanismes de « forces réelles » que le thérapeute découvre avec lui. Mais aussi, qui l’aide à identifier et à penser, à apprécier les guérisseurs tels des confrères et non des concurrents, à se sentir embarqué dans une aventure risquée et commune…  enfin, et pour reprendre ses mots, « considérer les êtres avec sérieux peuple la vie, s’orienter à partir d’allégories vide le monde ».

« Nous ne sommes pas seuls au monde » – c’est par cette formule qu’en Afrique de l’Ouest on reconnaît l’action des esprits qui viennent perturber la vie des humains. Dans le cadre d’une psychothérapie, tous les patients doivent être pris en compte, écoutés et aidés comme des témoins et non comme des victimes, à partir de leurs forces et non de leurs faiblesses. Ils sont dès lors tenus pour des experts de leur propre souffrance : toxicomanes, migrants, anciens membres de sectes… deviennent ainsi acteurs de leur thérapie.

Le texte sera présenté par Mathilde Villeneuve, co-directrice des Laboratoires d'Aubervilliers, en ouverture de cet atelier.

 

Pour consulter un résumé des ateliers précédents ainsi que des textes ayant été précédemment étudiés, vous pouvez vous reportez à la synthèse des Ateliers de lecture / Psychotropification de la Société.


Les textes sont décidés par le groupe et lus en amont de chaque atelier. Ces ateliers sont gratuits et ouverts à tous, ils ont lieu le jeudi tous les quinze jours de 16h à 18h sur inscription.
Pour obtenir les textes étudiés, les compte-rendus de session, ou vous inscrire, contactez Clara Gensburger: c.gensburger@leslaboratoires.org


Dates: les jeudi 22 octobre, 5 et 19 novembre, 3 et 17 décembre, 7 et 21 janvier, 4 et 18 février, 10 et 24 mars, 7 avril (de 16h à 18h).