La séance est proposée par Nicole Brenez, spécialiste des cinématographies d'avant-garde.
Films projetés :
L'avenir est incertain pour nous qui restons ici, de Marion Desseigne-Ravel (France, 2009, 27min., DVCam)
Dir. photo. : Eponine Momenceau • Montage : Raphael Lefèvre • Scénario : Quentin Lepoutre
Trois ans après, qui se souvient des "Mille de Cachan", ces squatteurs sans papier qui avaient occupé pendant plusieurs semaines un gymnase en banlieue parisienne ? Et que sont devenus Issoufou et Madame Ba, leurs porte-paroles ?
Regardez chers parents, de Mory Coulibaly (France, 2009, 49', DVCam)
Mory Coulibaly a tourné des images lors de l'occupation du gymnase à Cachan en 2006. En France depuis 2002, il se trouvait là, au moment de l'expulsion du squat, bien qu'il ait obtenu le statut de réfugié politique fin 2003, qui lui permettait de se trouver un logement. Délégué auprès des familles, il est resté avec les autres par solidarité et parce que pour lui, c'était le prolongement d'une lutte commencée ensemble.En quittant le bâtiment F. il a tout laissé derrière lui, un peu comme lorsqu'il avait quitté son pays d'origine : La Côte d'Ivoire. Plus tard, un ami lui a rapporté sa caméra, seul objet de valeur auquel, dans la panique, il n'avait plus pensé et il s'est dit : " Je n'ai plus rien, il me reste juste cette caméra, il faut filmer.
Sur un texte de Tanella Boni. Filmé, réalisé et monté avec Anne-Laure de Franssu.
Avec le soutien de la Mairie de Cachan, de la CIMADE, du GRDR, de l'AME et du CNA Mali”
Retour sur Cachan (par Nicole Brenez)
L'avenir est incertain pour nous qui restons ici de Marion Desseigne-Ravel et Regardez chers parents de Mory Coulibaly sont tournés en 2006 au cœur de la lutte des expulsés de Cachan, qui vit un millier de personnes prises dans les rêts impitoyables de la politique anti-migratoire du gouvernement français. Expulsés manu militari du bâtiment F de la Cité Universitaire de Cachan, jetés à la rue, beaucoup des sans-logis, souvent aussi sans-papiers, se regroupent dans le gymnase de Cachan. Plusieurs cinéastes suivent ce combat, parmi lesquels Marion Desseigne-Ravel, alors toute jeune étudiante de cinéma, aux yeux plus ouverts et au regard plus acéré que bien des professionnels confirmés. Mory Coulibaly, délégué des familles expulsées et acteur de la lutte, filme les événements, aidé par Anne-Laure de Franssu et son association “II mots en images”. Leurs films complémentaires (bien que les auteurs ne se connaissent pas), tous deux terminés en 2009, forment un triptyque avec Sou Hami. La crainte de la nuit d’Anne-Laure de Franssu (2010). Anne-Laure de Franssu y suit Mory Coulibaly dans son voyage au Mali, au cours d’une tournée de villes en villages où il projette Regardez chers parents à des spectateurs stupéfaits par la violence de l’état policier, et dont les propos, souvent moins navrés pour eux-mêmes que pour l’état de la France contemporaine, constituent l’une des plus puissantes critiques à ce jour de la politique gouvernementale.
illegal_cinema #39