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The Political Stakes of Translation ("Enjeux politiques de la traduction")

Conférence et discussion proposés par l'eipcp:

The Political Stakes of Translation («Les enjeux politiques de la traduction»). Avec Boris Buden, Birgit Mennel et Stefan Nowotny, membres de l’eipcp. En anglais.


Entrée gratuite sur réservation à reservation@leslaboratoires.org et au
01 53 56 15 90


"La traduction culturelle: pourquoi elle est importante et par où commencer
" par Boris Buden (trad. Lise Pomier)

Qu’il me soit permis d’aborder le problème en citant cette question: "Tous les cinq ans, à Kassel, se déroule l’une des plus importantes expositions d’art moderne et contemporain. Quel est son nom?"
Le public intéressé par l’art et la culture, composé pour l’essentiel des membres de la classe moyenne cultivée et connu en allemand sous le nom de Bildungsbürgertum, pourra facilement répondre à la question, c’est certain. Mais la question ne s’adresse pas à eux. En fait, c’est la question n° 85 d’un test de connaissances qu’il importe de réussir (dans le Land de Hesse) si l’on veut accéder à la citoyenneté allemande. Le test en compte beaucoup d’autres (100 au total), portant pour la plupart sur l’histoire allemande, la constitution allemande, les droits civils, les systèmes juridique et politique allemands, la culture allemande, le sport et les symboles nationaux allemands, etc.
Certaines de ces questions sont bien étranges. Par exemple: "Une femme ne doit pas être autorisée à se montrer en public ou à voyager seule, sans être accompagnée d’un parent de sexe masculin. Quelle est votre opinion sur ce sujet?" "Veuillez expliquer le droit d’Israël à exister" ou, "Si quelqu’un vous dit que l’Holocauste est un mythe ou une légende, que lui répondrez-vous?" etc.
Laissons de côté le contenu de ces questions et demandons-nous plutôt quel est leur but ou, plus précisément, quel est le but des cent réponses exactes. Elles sont en fait censées constituer une réponse à une seule et unique question, la question de savoir ce que signifie "être allemand". En d’autres termes, elles sont supposées expliciter la notion de "l’identité allemande". Elles représentent, si vous préférez, une sorte de canon en réduction – un instantané – des caractéristiques permettant de séparer clairement l’Allemand du non-Allemand, c’est-à-dire de tracer entre eux une ligne infranchissable, et ainsi d’exclure l’Autre par rapport à l’Allemand.
En fait, ces cent questions sont construites comme une sorte de canon des canons. Il y a un canon de la littérature allemande: les glorieuses figures de Goethe et de Schiller, les Prix Nobel comme Heinrich Böll, Thomas Mann, etc.; un canon des plus grands fleuves d’Allemagne et de ses plus hautes montagnes; un canon des événements historiques les plus importants et un canon des plus célèbres savants allemands; s’y ajoute, bien sûr, un canon des traits culturels, ou "valeurs", les plus importants qui définissent l’identité allemande en termes de "mode de vie" (c’est-à-dire la façon dont un "vrai Allemand" est supposé se comporter envers les femmes, les enfants, les différentes religions ou opinions, etc.). [...]
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NB: Ce texte a d’abord paru dans l’édition « Under translation » du webjournal Transversal (http://eipcp.net/transversal/0606) et est issu du projet Translate, mené par l’eipcp (European Institute for Progressive Cultural Policies) dans les années 2005-2008. Le projet actuel, Europe as a Translational Space: The Politics of Heterolinguality, est une continuation de ce projet.

ARF