Les Laboratoires d’Aubervilliers poursuivent les ateliers de lecture qui, tous les quinze jours, proposent de mener collectivement recherches et réflexions autour d’une problématique spécifique abordée depuis différentes disciplines (l’art, les sciences humaines, la politique). Ces ateliers participent à la construction du « Printemps des Laboratoires », programmation qui se décline tout au long de l’année via des workshops, tables rondes, projections jusqu’à l’avènement d’un moment public intense. Ce rendez-vous public, qui aura lieu en juin 2017, en constitue la mise en perspective finale à une échelle internationale. Cette programmation est articulée chaque année autour d’une notion spécifique ; cette année il s’agit de « Extra Sensory Perception ».
La quatrième édition du Printemps des Laboratoires a ouvert un champ très vaste que nous souhaitons continuer à explorer pour cette nouvelle saison. Sous l’intitulé « ESP (Extra Sensorial Perception) », nous proposons de poursuivre nos réflexions.
Il sera question de comment faire de la place dans nos vies à des voix multiples et contradictoires, à un “Je” non unique, centre de gravité narratif, à des entités non-humaines et autres mondes invisibles, de comment en être remplis sans être assaillis. On se demandera ce que peut être une mystique contemporaine et dans quelle histoire hallucinée, illuminée, visionnaire nous souhaitons nous situer aujourd’hui. On cherchera les méthodes de désindividualisation afin de partager ces visions et de les rendre collectives et habitables.
Atelier # 13
Pour ce treizième atelier de lecture, nous vous proposons de nous retrouver autour du textede l’écoféministe et sorcière néo-païenne Starhawk, Rêver l’obscur, Femmes, magie et politique, publié en langue française en 2015 aux éditions Cambourakis. L'atelier de lecture se concentrera sur le prologue et le premier chapitre du livre.
Ce texte s’inscrit dans un contexte fort d’engagement politique pour lequel Starhawk a pris part aux Etats-Unis via les mouvements d’action directe non violente pour la paix dans les années 80, puis aux mouvements altermondialistes et aux mouvements de lutte contre le réchauffement climatique actuelle, constituant pour elle autant de façon de pratiquer la magie. Invitant à un art de la transformation de soi et du monde qui passerait notamment par le langage, se pratiquant à plusieurs et au moment de rituels, Starhawk nous invite dans ce texte à « rêver l’obscur », pour laisser monter, affronter l’obscur ensemble et ne pas être dévoré par lui.
Toutes les manifestations, blocages, parades, discours de ces années-là sont animés par cette façon nouvelle de faire de la politique, et expérimentent la force de ces rituels néo-païens eux-mêmes très influencés par les pratiques féministes d’empowerment et les techniques horizontales des anarchistes. Nommer la peur, nommer ce qui rend chacun-e d’entre nous impuissant-e, puis nommer ce qui nous rend puissant-e, est un acte de magie et un acte politique pour les un-e-s, un acte (uniquement) politique et féministe pour les autres.
De son vrai nom Miriam Simos, Starhawk est née en 1951 aux États-Unis. Écrivaine, formatrice et militante altermondialiste, elle vit et travaille à San Francisco. Célèbre dans le monde entier pour être une théoricienne du néopaganisme et une figure du mouvement Wicca, elle se définit elle-même comme féministe et sorcière, se réappropriant cette figure subversive en vue d’unifier spiritualité et politique.