The book Walk, Hands, Eyes (a city), attempts to describe the geography constructed by the perceptual experience of Myriam Lefkowitz’s eponymous walk project. The fragmentary book is a montage of conversations conducted with those who took part in the experiment and the guides who worked on the project during its eight-year long activation, as well as exclusive texts by contributors invited by the artist, offering a range of new theoretical, scientific and poetical explorations. The book is not only an archive but also a tool for transmission and a space for observing and analysing the forms of knowledge that emerged from the practice.

With the participation of Myriam Lefkowitz, Esther Salmona, Sophie Houdart, Yaël Kreplak, Clément Morier, Valentina Desideri, Valérie Pihet and Mathilde Villeneuve.

Co-published by Les Laboratoires d’Aubervilliers and Beaux-Arts de Paris, Walk, Hands, Eyes (a city) will be published in October 2015 with a launch event scheduled on Sunday, 25th October.




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Technical information and order

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Postface
Mathilde Villeneuve

               

Presque rien, et pourtant : pas rien. Un quelque chose, et cependant : seulement un tissu formé d’espaces creux et de parois très subtiles.
Peter Sloterdijk, Écumes, Sphères III, pluriel, 2013, p 23



Je ne compte plus les personnes que je rencontre témoignant, en bordure du langage, de l’émotion ressentie pendant la balade conçue par Myriam Lefkowitz. Qu’ils ont eu la sensation de perdre pied mais jamais véritablement, de tomber amoureux de leur guide sans l’être vraiment, de voir les yeux fermés, d’être tenu sans à peine être touché, d’entendre de nouveaux bruits du monde…

Je me rappelle de ma balade à la biennale de Venise en 2013. Puis de ma soif, intarissable, de raconter ce que je venais de vivre. S’en est suivie l’envie d’offrir à d’autres la possibilité d’en faire l’expérience et l’invitation faite à l’artiste de s’installer quelque temps aux Laboratoires d’Aubervilliers. Elle y restera deux années, pendant lesquelles elle mènera, accompagnée des guides avec lesquels elle collabore, plusieurs sessions de Walk, Hands, Eyes (Aubervilliers). Elle concevra également un nouveau dispositif, pensé tel son équivalent inversé : immobile cette fois, dans un espace circonscrit et plongé dans le noir. Elle initiera enfin une première série de rencontres à la piscine de Pantin, conviant d’autres artistes à entremêler leur pratique de soin et de perturbations des sens, pour les donner à expérimenter au public lors de parcours en solitaire.

« Embarqué », c’est le mot qui convient pour décrire le sentiment que procure les plongées sensitives et mentales proposées Myriam Lefkowitz, qui a su aménagé un espace singulier entre les arts visuels, la performance, la danse et les pratiques thérapeutiques. La qualité de sa présence, qu’elle ne cesse d’affuter, rejoint celle de la chorégraphe américaine Lisa Nelson, qui venait exceptionnellement aux Laboratoires donner un workshop aux étudiants de l’école des arts politiques de Paris où Myriam a enseigné et une représentation publique le soir. Entre ces deux femmes qu’une génération sépare, une semblable délicatesse du mouvement et de puissance du regard, comme dilaté à force d’observer le monde avec attention.
C’est cette attention à l’autre et à ce qui nous environne qui inscrit ce livre dans le prolongement de la volonté de partage et de transmission de l’artiste. L’écriture a opéré un montage des conversations accumulées pendant des années auprès d’une communauté dispersée de spectateurs. Il creuse un sillon dans les nombreuses traversées individuelles de la balade et tend à rendre la pratique à son caractère éminemment collectif. Il donne à lire et à penser les espaces de respiration, la pénétration des couches atmosphériques, les phénomènes de dilatation et de rétraction, les formes de co-isolation, l’espace commun et le comment toucher, les possibles renouvellements des rapports entre langage, expérience et signification. Ce livre est né du désir de produire et de donner à lire une pensée au plus proche de l’expérience sensible générée par la pratique de Myriam Lefkowitz.