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Nicholas Vargelis
M
AIS OÙ EST L’INFRASTRUCTURE ?  

Exposition accompagnée par Sylvie Boulanger et Marie-Laure Lapeyrère
sur une invitation des Laboratoires d'Aubervilliers

Avec les œuvres de Glen Baxter, Claude Closky, Koenraad Dedobbeleer, Yona Friedman, Thomas Hirschhorn, Vera Molnár, Michael Morley, Leah Singer, issues de la collection MULTIPLE du Cneai.

Visible aux Laboratoires d'Aubervilliers
du 2 octobre 2020 au 5 février 2021

Vernissage vendredi 2 octobre 2020, de 17h à 19h

Entrée libre sur réservation en ligne


Une performance de l'installation aura lieu le soir du vernissage,
une seconde performance est au programme de la
Mosaïque des Lexiques #16 ― « signes et signaux »,
le même jour : vendredi 2 octobre 2020 à 20h

 

Cimaises et orgue d’éclairage, « Mais où est l’infrastructure ? » est une œuvre performative. Avec des matériaux simples, issus de magasins de bricolage français et américains, Nicholas Vargelis construit des cimaises qui rendent visibles l’infrastructure, habituellement absorbée dans le bâtiment. Il joue ainsi de l’architecture d’exposition.

La notion d’infrastructure est primordiale dans sa démarche. Objets communs à toutes formes d’habitats, les réseaux, systèmes et techniques d’éclairage le fascinent. Rails, lampes, circuits, boutons, fils, ampoules, sont des objets banals du quotidien, présents dans tous les foyers mais leur esthétique évolue avec les normes, les règles et les cultures, souvent à notre insu. Finalement, les organisations sociales sous-tendent des formes technologiques.

« Pourquoi est-ce une obligation d'avoir des lumières blanches dans les galeries d'art alors que, pour ma part, j'aime les lumières colorées des carnavals, les lumières dynamiques et l'éclairage de divertissement ? La lumière est une couleur. La lumière blanche n'est pas neutre au final. Le blanc moyen, le blanc neutre, cela n'existe pas. » Tel qu'il l'énonce, l’artiste cherche ainsi à se libérer du diktat du white cube et nous fait imaginer des œuvres baignées dans une lumière pastel sans en être pervertie. « La lumière n’est pas un filtre », assure-t-il. Et de préciser : « Une lumière non blanche, teintée rouge clair, par exemple, donnerait un couleur subtile aux œuvres. C'est ce que j’ai fait à Berlin dans une librairie, cela a créé une atmosphère pastel irradiant les livres sur les rayonnages ».

Les installations de Nicholas Vargelis agissent comme un principe actif de conscience sur la subjectivité physique du regard. La vue n’existe que par la lumière et, comme il le rappelle, dès que nous ne sommes plus sous le soleil, « notre perception visuelle est rendue artificielle, construite. » Nicholas Vargelis insiste d'ailleurs sur le fait que les ampoules à incandescence, contrairement aux LED ou aux ampoules fluorescentes, permettent à l'œil de percevoir un spectre plus large de couleurs.

Outre l'impact sur le spectre de couleurs, l'évolution des techniques d'éclairage et des ampoules a également impacté une certaine relation à leur forme. Tandis que l’objet technique d’une lumière correspondait à sa forme jusqu'à la fin du XXe siècle, les nouvelles techniques sont dorénavant installées dans les mêmes formes. La lumière n’apparaît plus comme fondamental à l’architecture. A ce propos, quand Rem Koolhas, à l'occasion de la Biennale d'architecture de Venise en 2014, énonce les fondamentaux de l’architecture ― couloir, plafond, etc… ―, il omet la lumière. Et Nicholas Vargelis de préciser à rebours : « Il ne s’agit pas de penser la lumière comme un filtre, ou comme une sculpture, mais comme un fondamental de l’architecture : un des éléments de l'infrastructure. »

En effet, pour l'artiste, trois éléments sont à considérer dans un système d'éclairage : le réseau, le support lumineux et la lumière. « L'infrastructure est l'élément permanent et commun à tous les bâtiments, c’est le réseau. L'objet électrique est très important pour moi ... les câbles, les interrupteurs, etc. J'aime les infrastructures bien faites, presque utopiques. Que l'emplacement et l'esthétique de l'interrupteur soient agréables à utiliser, j’aime faire en sorte que chacun ait envie de jouer avec. Je veux rendre l'infrastructure performative. »

La question du spectacle est d'ailleurs récurrente et incontournable chez l'artiste, celui du quotidien comme celui plus spécifique du divertissement. On assiste à une installation de Nicholas Vargelis comme on assisterait à l’aube : « J’utilise les objets courants du magasin : ampoules, douilles, câbles mais, via des protocoles performatifs, je donne à voir des changements de lumière. Les potentiels sont énormes, presque infinis, avec de simples outils d’éclairage du commerce. ». Ces performances touchent finalement à la question de la mise en scène. On peut venir voir plusieurs fois les lampes clignoter, à chaque fois selon un scénario différent. Elles constituent des partitions en soi mais aussi hors d’elles, car elle nous apprennent que nous vivons dans des espaces domestiques dont la perception n’est pas figée. À notre insu, il reste du jeu : « Rejouer cela maintenant, surtout dans des espaces d’art, c’est une manière de rendre à l’infrastructure son potentiel interprétatif. C’est recréer un espace de liberté dans l’architecture. L’infrastructure est toujours considérée à tort comme fixe et objective, purement techniquement, obligatoire ! alors qu’elle est l’espace performatif par excellence. On doit oser interpréter l’infrastructure. C’est d’ailleurs le seul volant de liberté dont nous disposons dans l’architecture, le seul espace de jeu. »

Pour son installation aux Laboratoires d'Aubervilliers, Mais où est l'infrastructure ?, Nicholas Vargelis a recréé un jeu d'éclairage selon la logique d'un jeu d'orgue, de ceux que l'on trouve dans les théâtres, à la fois technique et performatif, qui demande à être joué entre des groupes. La conception de chacune de ces cimaises a été réalisée de manière collective à l'occasion d'une succession d'ateliers (Lycée Lucie Aubrac à Pantin dans le cadre du cneai, puis aux Laboratoires, à l'occasion d'ateliers d'été soutenus par le programme Un été culturel en Ile de France de la Drac). À l'arrivée, les cimaises exposées gardent la trace d'une multitude de mains et de jeux anticipant les partitions et scénarios. Certaines de ces mains seront d'ailleurs présentes à l'occasion du vernissage.

Pour revenir sur l'objet lui-même, le jeu chez Nicholas Vargelis, peut aller jusqu’à peindre les ampoules. En effet, « comme je ne peux plus acheter des 60 watt dépolies ― les premières à être interdites ― dans beaucoup de cas je peins les ampoules, mais mal, exprès. Je rate un peu, exprès. Les non-dépolies ont été interdites ensuite, puis les 40 watt… etc., sans doute pour aider les gens à oublier peu à peu la référence à la lumière incandescente. »
Quand Nicholas Vargelis peint les ampoules, il aime que l’objet industriel porte la trace des poils du pinceau. Mais il ne se résout pas à créer cet effet sur les nouvelles technologies (LED ou aux ampoules fluorescentes), trop gratuites pour porter la marque du peintre. « Ça m’intéressait de faire une intervention sur un support technique mais pas sur un support esthétique. »
Et de préciser : « Mon rêve ? Ouvrir un magasin d’ampoules interdites à la production et à l’importation. Parfois, je prends un stand devant la Cité Universitaire et je donne gratuitement des ampoules dépolies à la main, aujourd'hui interdites. Je suis insulté par les écolos, mais félicité par les économistes et les amateurs de culture qui dénoncent la provenance chinoise et la présence de plastique et de mercure dans les composants des nouvelles ampoules autorisées. »

Nicholas Vargelis vit à Aubervilliers et à New York.

 

 

 

Exposition visible 
du 2 octobre 2020 au 5 février 2021

du lundi au mardi, de 10h à 18h
à l'occasion des ouvertures publiques
& sur rendez-vous 

Les Laboratoires d'Aubervilliers
41, rue Lécuyer
93300 Aubervilliers

 

 

 

En partenariat avec le cneai et dans la continuité de l'atelier au titre éponyme organisé à la fin du mois d'aout 2020 avec le soutien de la Drac Ile-de-France à l'occasion du programme "Un été culturel en Ile-de-France".

 

 

 

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_ images _

Nicholas Vargelis, Mais où est l'infrastructure ?, août 2020, Les Laboratoires d'Aubervilliers - courtesy de l'artiste

Nicholas Vargelis, Light Prop, 2020 - courtesy de l'artiste

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