De l'école de Marinella Senatore à MétallOpérette


Pour sa résidence aux Laboratoires d’Aubervilliers, l’artiste italienne Marinella Senatore a d’abord mis en place une « école », installée aux Laboratoires tout au long du mois de février. Gratuite et ouverte à tous, cette école s’est fabriquée au gré des propositions des participants eux-mêmes. Des ateliers de décor, caméra, bracelets brésilien, musique, maquillage, calligraphie chinoise, chant et danse ont été dispensés sur un rythme intensif de plusieurs jours par semaines, croisant les savoir-faire de chacun, amenant à inventer pour la première fois des manières de transmettre pour certains, à s’ouvrir à de nouveaux champs et à s’essayer à l’assimilation de nouvelles compétences pour d’autres. Cette « école » a donc progressivement investi notre institution artistique, poussant ses murs, étirant ses horaires, se saisissant de son espace pour y expérimenter un système éducatif alternatif attachant une importance principale à  l’émancipation, l’inclusion et l’autoformation.

Comme tout projet participatif, et d’autant plus cette fois-ci qu’il est resserré dans le temps, le chaos qu’il engendre, s’il donne individuellement le tournis, garantit, à plus grande échelle, le renversement des valeurs et des rapports d’autorité. Sa fragilité est son fondement. Une fragilité qui se veut endurante, volontaire, qui exige de redoubler d’efforts pour la préserver, histoire qu’elle ne se rétracte pas dans des réflexes de productions sclérosées, du déjà-connu-prêt-à-consommer. Et si cette fragilité lui colle à la peau c’est parce que le projet repose avant tout sur la promesse de rencontres humaines et de désirs communs à advenir, sur l’envie de partages gratuits - denrées raréfiées de nos jours. C’est parce qu’il procède d’un équilibre subtile entre la mise en place des conditions adéquates pour faire surgir de nouvelles relations (et que d’elles une poétique émerge) et un « cadrage » qu’il faut en permanence ajuster au développement du projet et rendre opérant pour impulser la formation d’un groupe, l’organiser et l’accompagner afin que ses ambitions puissent se concrétiser. Le rôle de l’artiste y tient une place complexe ; sa présence y est double : présence active quand elle est fer de lance d’une aventure supposée embarquer un groupe, présence délicate quand il s’agit de tisser avec autant de singularités, présence effacée quand il lui faut leur abandonner la gestation d’une forme collective.

Cette forme, ce sera une MétallOpérette, de l’intitulée de la pièce écrite par les étudiants de l’« école », qui aura été adaptée en musique, avec l’aide d’un compositeur italien de renommée, Emiliano Branda, et jouée sur scène toujours par les participants eux-mêmes, qu’accompagneront quelques chanteurs professionnels. Prenant pour décor l’histoire de l’ancienne usine de roulement à billes qu’occupent Les Laboratoires d’Aubervilliers, cette opérette met en scène plusieurs personnages dans le contexte des tensions sociales et des grèves lancées en 1966 à l’annonce de la fermeture de l’usine. En s’inscrivant dans l’histoire réelle de l’usine Malicet et Blin, MétallOpérette s’appuie sur le patrimoine social, syndical et culturel d’Aubervilliers en tant qu’il symbolise une lutte encore vivante et à perpétuer. Sa forme finale est un film, sa première restitution convie le public à assister à son tournage. L’artiste, elle-même issue du champ cinématographique, de par sa formation et son métier, aime à croiser des disciplines (théâtre, danse, musique) et à enchâsser des genres (théâtre politique brechtien, escorté de musique d’opéra, elle-même hybridée de percussions modernes et de danse contemporaine amateur).

Ce projet témoigne de l’approche horizontale que Marinella Senatore adopte en général dans sa pratique et de sa volonté à faire dialoguer des professionnels expérimentés avec des amateurs nouvellement arrivés. Ce qu’elle suscite via les différents projets participatifs qu’elle met en place, pleine de l’énergie audacieuse qui est la sienne, c’est la création de lieux capables d’accueillir et d’activer la constitution d’un corps collectif. Ce qu’elle propose comme modalités de formation de ce corps ce sont des habilités partagées, le bricolage d’une forme commune, qui finit par s’ériger à force d’ambition, de sérieux et de soin qu’auront infuser ses participants.

Mathilde Villeneuve, Aubervilliers 2016

___________________



Lors de la journée portes ouvertes du samedi 23 janvier 2016, L’école de Marinella Senatore a présenté son projet aux Laboratoires d’Aubervilliers. Le public, des voisins, des curieux ont été invités à venir partager et échanger des savoir-faire en proposant un enseignement de leur choix sous la forme d’un atelier, ou en s’inscrivant à celui organisé par un autre participant. Un atelier d’écriture à raison de trois rendez-vous hebdomadaires a imaginé l’événement artistique final qui regroupe une grande partie des participants. Le résultat, dont la composition musicale a été commandée par Marinella Senatore à Emiliano Branda, s’intitule MétallOpérette. Sa représentation publique est donnée aux Laboratoire d’Aubervilliers le samedi 26 mars 2016.

PARTICIPANTS

Ricardo Abdahllah
Moamen Abdelsaid
Lily Abichahine
Martina Adinolfi
Jasmine Aissaoui
Alya Ait Abdesselam
Anicia Ait Abdesselam
Ingrid Amaro
Violette Astier
Camellia Attek
Melinda Attek
Brigitte Audeoud
Cumba Ba
Bac
Anne-Marie Badja
Christophe Barbosa
Clarissa Baumann
Cécile Becker
Océane Belabed
Nour Benmebrouk
Lilia Benmokhtar
Agata Bielecka
Axel Borrel
Luigi Borrelli
Hayfa Bounif
Nadjah Bounif
Leticia Caianva
Giulia Camin
Manuela Centrone
Elina Chared
Rose Chaussavoine
Silvia Circu
Tanguy Colas des Francs
Elisabeth Colombani
Sophie Cosmades
Geneviève Coudre
Bernard Coulon
Geoffroy D’Humieres
Emma Dahan
Lyna Debache
Martine Debair
Agnès Dufour
Marie Deboissezon
Marie-Christine Diguet
Diana Drljacic
Julien Dunoyer
Phoebe-Lin Elnan
Ryad Fagoul
Jonathan Favorel
Connie Figueira
Emilie Figueira
Nicolas Figueira
Claire Fiquet
Maria Fonzino
Emmanuelle Frank
Pauline Frémaux
Cyril Garin-Davet
Odette Gengo
Julien Geyre
Letizia Giannella
Farida Gillot
Laurent Gillot
Rakia Gillot
Zina Guerfi
François Grandeau
Lauren Granié
Jérôme Groc
Amira Harar
Farah Harar
Yasmine Harar
Michèle Hènaux
Antoine Hernoux
Emmanuelle Hiron
Juliette Hossenlopp
Nathan Houdré
Pascal Iglesias
Charlotte Jankowski
Fatima Jebbadi
Kawtar Jebbadi
Wissal Jebbadi
Thierry Lachambre
Clara Lagrange
Elona Lamant
Valentine Landreau
Zélia Landreau
Manuela Laurence
Ambre Lavandier
Clara Lefort
Sébastien Legrain
Nikola Levé
Lycia Lhadj Mohand
Giulia Lobba
Giuseppe Loiacono
Mélaine Loison
Gwen-Aël Lynn
Sabine Macher
Pascale Maignan
Sylvie Maillard
Fabrice Maitre
Marie Marin
Prune Mateo
Alessandro Mazzullo
Rafaël Medeiros
Marion Michot
Siri Ounechay
Philippe Pasquini
Carla Pizzuto
Jean Podalydes
Lucie Polivet
Patricia Quintana
Giulia Ramires
Elsa Rattoray
Alicia Reaux
Keith Regan
Silvia Romanelli
Éric Rouquette
Natascha Rudolf
Ryad
Victor Saillard
Margot Salles
Jasmine Sebbar
Marinella Senatore
Sandrine Sésé
Chine Seston
Amaury Seval
Jade Simao
Anne Simondon
Annapia Sogliani
Ouidade Soussi-Chiadmi
Stèphe
Michèle Sully
Caroline Surva
Benjamin Torterat
Chloé Tranchevent
Antoine Vallé
Caroline Vaurs
Luca Wyss
Zayen
Catherine Zer
Elmustapha Zerouali
Ghania Zerrouk




PROFESSEURS

Ingrid Amaro
Camellia Attek
Brigitte Audeoud
Giulia Camin
Manuela Centrone
Silvia Circu
Diana Drljacic
Letizia Giannella
Farida Gillot
Laurent Gillot
Charlotte Jankowski
Wissal Jebbadi
Kawatar Jebbadi
Connie Figueira
Emilie Figueira
Emmanuelle Hiron
Clara Lagrange
Marie-Laure Lapeyrère
Ambre Lavandier
Sebastien Legrain
Rafaël Medeiros
Patricia Quintana
éric Rouquette
Margot Salles
Sandrine Sésé
Chine Seston
Amaury Seval
Annapia Sogliani
Ouidade Soussi-Chiadmi
Marinella Senatore
Benjamin Torterat

 

ARF