PARU EN NOVEMBRE 2012
Bojana Kunst (sous la dir.), Maska : Projektivna Casovnost - Projected Temporality - La Temporalité projective
Sommaire:
Éditorial par Bojana Kunst // Le temps des projets, par Bojana Kunst // «Une heure apporte ce que le temps ne peut pas apporter»: pensées minutées à propos d’un proverbe grec, par Danae Theodoridou // Chorégraphies du dehors: à propos du Musée de la danse de Boris Charmatz par Noémie Solomon // Temps performant ou temps de la performance? La lutte pour la durée et pour l’événement, par Boyan Manchev // Enfin ensemble en même temps par Bojana Kunst, Ivana Müller // Le présent disloqué. Invariabilité du temps et variabilité de la subjectivité dans la performance contemporaine, par Bojana Bauer, Myrto Katsiki // Libérateurs effacements irrémédiables. Art, plasticité et mémoire, par Pia Brezavšček // Dans l’abysse noir de la temporalité. De la pièce radiophonique «50 Aktenkilometer» de Rimini Protokol, Berlin 2010 par André Schallenberg
Editorial:
Cet ensemble trilingue a vu le jour suite à un projet de recherche de deux mois intitulé «A suivre»: capturer le temps dans la performance contemporaine que j’ai mené d’octobre à décembre 2011 dans le cadre d’une résidence aux Laboratoires d’Aubervilliers. J’ai invité quatre artistes et théoricien/nes (Danae Theodoridou, Ivana Müller, Boyan Manchev et Igor Štromajer) à contribuer à cette recherche afin de définir ensemble les moyens d’articuler la temporalité d’une oeuvre dans l’art. Le point central de nos recherches était la relation entre le travail de l’artiste et le temps, et plus particulièrement la question des conditions temporelles dans lesquelles les artistes travaillent aujourd’hui et comment elles définissent la production artistique contemporaine. La question de la temporalité est en effet au centre des conditions économiques globales du travail artistique, mais elle est aussi liée au sens de la vie et à ses possibilités, et interroge également l’esthétique et le politique. Le temps fait partie de l’ontologie de la performance et change ainsi de position en suscitant une relation critique à la flexibilité et à l’accélération du travail contemporain. La performance peut donc être perçue comme un champ exceptionnel pour la critique des politiques temporelles ou comme une possibilité d’expérimenter les différentes formes de perception du temps. Elle peut aussi, à travers la question du temps, refléter les conditions de sa propre production artistique qui a rimé ces dernières décennies avec travail flexible et précarité. Pendant cette recherche, j’ai organisé quatre rencontres intensives afin d’explorer plusieurs thématiques dans la relation entre travail artistique et temps, et j’ai expérimenté différents formats en collaboration avec les artistes invités. Les textes publiés dans cet ensemble thématique ont vu le jour soit dans le projet de recherche lui-même ou à sa suite, comme par exemple le texte de Danae Theodoridou ou le dialogue entre Ivana Müller et moi-même, empreints du style de la performance. Les autres textes ouvrent la voie de la temporalité d’une façon plus théorique ou accessible et montrent comment les oeuvres contemporaines chorégraphiques et théâtrales s’y confrontent, comment elles tentent de résister, à travers leur propre temporalité, à la capitalisation généralisée du temps et incarnent ainsi une position critique sur sa perception. Même si ces contributions ont trait à plusieurs thèmes et sont écrits dans différents styles, on peut y déceler un même fil rouge: elles montrent toutes qu’on ne peut pas parler du temps sans changer la temporalité des pratiques artistiques ou plutôt les moyens par lesquels
on crée une oeuvre, on la perçoit et, finalement, on s’en souvient.
En conclusion de ce bref éditorial, je voudrais d’abord remercier les auteur/es qui ont contribué à ce numéro ainsi que les traducteur/trices et les relecteur/trices qui ont fourni un travail considérable de suivi de projet en trois langues. Je voudrais aussi sincèrement remercier les trois directeurs des Laboratoires d’Aubervilliers Alice Chauchat, Grégory Castéra et surtout Nataša Petrešin-Bachelez avec qui j’ai travaillé en étroite collaboration sur cet ensemble thématique approfondi, même une fois le projet abouti, pour tout son soutien et son amitié. Merci également aux autres auteur/es des Laboratoires d’Aubervilliers, c’était un véritable privilège de travailler à vos côtés et avec vous. Je voudrais aussi remercier la rédactrice en chef de Maska, Amelia Kraigher, pour sa collaboration créative et le directeur de Maska Janez Janša, pour son soutien à un numéro trilingue. Enfin, je voudrais remercier les partenaires du projet, l’Institut national d’histoire de l’art, et en particulier Mme Zahia Rahmani, la directrice du programme "Arts et mondialisation", pour sa compréhension réactive du projet, ainsi que la revue d’arts vivants Mouvement et son directeur Jean-Marc Adolphe, qui participe à la diffusion de cette publication en France.
Maska : Projektivna Casovnost - Projected Temporality - La Temporalité projective
215 pages / Numéro double, 149-150, automne 2012 / Avec le soutien du programme "Culture" de l'Union Européenne et de la revue Mouvement / Trilingue slovène-anglais-français / Prix de vente: 8€ / Frais de port: 5€