Pour cette quatrième séance, Pierre et Margot ont proposé de traduire deux courts chapitres de Cabelundinho du poète brésilien Manoel de Barros.
Quelques échanges entre les participants :
(…)
— Et donc il y a ces trois majuscules. Il y a ce personnage au deuxième vers, Iracema ; il y a le premier, au-dessus, Cabeludinho, qui est le poète, — et le dernier, tout en bas ?
— Le dernier, c’est Nhanhá.
— C’est la figure maternelle, dans le texte. On ne sait pas trop qui c’est. Mais ça peut être une mère ou une grand-mère.
— Je me suis longtemps demandé si c’était la grand-mère, parce que dans le poème, ensuite, il apparaît une adresse à la grand-mère. Mais, ensuite, en lisant, il relate des échanges avec ses parents…
— Menino, c’est l’enfant ?
— Menino, c’est l’enfant.
— C’est : « mon petit » ?
— C’est l’enfant au masculin.
— Oui, c’est le garçon. « Gamin »…
— Alors on a le -inho, en haut, de Cabeludinho, qui est le petit, et le -ão, c’est le superlatif.
— Pardon ?
— Le superlatif… Cabelão, c’est beaucoup de cheveux. Alors qu’en haut on a un chevelu, mais qui est petit.
— Ah oui. En haut c’est le petit chevelu, et en bas c’est la tignasse.
— La tignasse, hmm.
— La crinière.
— Sauf que les mots se ressemblent.
— Olho, qu’est-ce que c’est ?
— Olho, c’est l’œil.
— Donc il faut qu’il aille se faire couper les tifs ?
— C’est ça.
— « Va te faire couper les tifs ! »
— Esse, qui apparaît deux fois, c’est le démonstratif : ce.
— Démonstratif ou péjoratif… Non ?
— Mouais.
— J’ai l’impression que Vai, c’est… un ordre, un impératif, non ?
— C’est « aller », oui, c’est ça.
— C’est un impératif.
— Ce n’est pas un impératif, c’est : « Tu vas ».
— Oui, mais ça peut être aussi un impératif, « tu vas ». « Tu vas te faire couper les cheveux ! » Il y a une forme d’impératif là-dedans.
— On peut choisir de le traduire par un impératif ou par…
— Ou par un « Tu vas » qui le fasse entendre.
— Oui. On a les points d’exclamation, à la fin…
— En tout cas ce n’est pas une menace du genre : « Je vais te ».
— Non, non ! Pas du tout.
— Ce n’est pas « je vais ». Ça a beau s’écrire v, a, i, ce n’est pas
« je vais » !
[rires]
— Oh là là, l’embrouille !
— Eram, c’est une marque de chaussures, non ?
[rires]
— C’est un verbe… Eram, non, ce n’est pas les chaussures, c’est l’imparfait du verbe « être ». Troisième personne du pluriel. En Français, c’est :
« c’était ».
— « C’était les cris de la Nhanhá »
— Oui, « C’était le cris de la… ».
— On a déjà presque traduit la fin en discutant comme ça.
— Ah, c’est la Nhanhá qui crie ?
— Oui, c’est la Nhanhá
— Oui, on a quasiment traduit… On peut commencer à poser des choses si on est un peu près ?
— Oui on va le faire.
— Ce que je propose, comme on était assez clairs sur la deuxième partie, les trois lignes de la fin, peut-être qu’on peut déjà les noter…
— On commence par la fin.
(…)
et quelques étapes de la traduction ...